CATEGORIE PAR ARCHIVE : Patrimoine

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Le Rosaire de Notre-Dame de la Gorge

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Trois oratoires autour de l’église

En 1728, sous l’impulsion du Révérend C.GAILLARD, prêtre à ND de la Gorge, le chemin vers l’église fut complanté de 14 oratoires sous la forme de petits édifices (plus un 15ème accolé au mur nord de l’église) évoquant les Mystères du Rosaire. Ces oratoires sont visibles sur la Mappe Sarde. (Cadastre 1728-1738)

Extrait de la mappe sarde, où figurent les oratoires, vers 1730

Les aléas du temps, la neige, la pluie, le gel, les débordements du torrent ont eu raison de l’état des édifices. En 1778, H. DE SAUSSURE, montant vers la Palme, en fait un amer constat : «…en se retournant, on voit sous ses pieds le village de Notre Dame de La Gorge et une longue rangée de petits oratoires bâtis le long du torrent, dans l’espérance qu’ainsi on serait à l’abri des inondations mais le torrent n’a eu aucun égard et il a même renversé plusieurs de ces petits oratoires…».

vers 1730
Un oratoire et sa prairie fleurie

En 1840, Mgr REY, lègue les biens de ND de La Gorge aux pères de St François de Sales. Le Rosaire devient un «Chemin de Croix» le long de la route mais les affres des saisons endommagent les édifices.

En 1950, la Paroisse s’en inquiète : il faut reprendre la maçonnerie de certains bâtis, les charpentes et les toitures. Travaux effectués par G.CHEVALLIER.

Puis en 1976-1978, le Curé F. BABAZ et le Maire S. SAUTELLI décident qu’une restauration sérieuse de ce patrimoine commun devient urgente. Il faut rendre ces oratoires à leur destination première du Rosaire.

Ils en confient la réalisation à Pierre MAITRE, artiste, Meilleur Ouvrier de France, directeur artistique à la Faïencerie de GIEN, auteur et réalisateur des scènes du Rosaire, dessinateur des grilles et des croix dominant les 14 oratoires.

La maçonnerie et bois à M. DUNAND. Fer forgé : Ent. DABLAINVILLE et G. CHEVALLIER plus les toitures. Electricité : G. BERGAMELLI. Pose des carreaux de grès et pavés : H .MONNARD. Peinture : E. BORGA. Ainsi que des employés communaux pour divers travaux.

La nuit tombe, les oratoires s’éclairent, mettant en lumière les bas-reliefs

Les oratoires sont en maçonnerie et enduits de crépi ocre. Les toits à 4 pans sont recouverts d’ardoises. Chacun est fermé par une grille en fer forgé. Les bas reliefs à l’intérieur, réalisés par P .MAITRE sont en grès et tous différents. Ils représentent la scène de l’Evangile écrite sur les bandeaux en bois au dessus de l’ouverture.

bas-relief en grès

Devant, au sol : des pavés avec le numéro de l’oratoire en chiffres romains.

Pierre MAITRE, l’artiste, a voulu représenter chaque Mystère par une grille symbolisant la Joie pour les 5 premières, la Douleur pour les 5 suivantes et enfin la Gloire. Voici des explications d’interprétation de ces symboles.

Mystères Joyeux

Les rythmes de joie s’élevant vers le ciel. Les grands rythmes de la partie du haut des grilles symbolisent les bras des Hommes chantant leur Joie, l’exaltation qui les a saisi quand ils ont appris la naissance de Jésus. La partie du bas des grilles symbolise les rythmes élévateurs et stabilisateurs.

Mystères Douloureux

En bas, les symboles des Légions romaines avec leurs lances, leurs boucliers et les instruments de la Passion.

On voit le triangle céleste avec la pointe en haut, le triangle terrestre la pointe en bas forment le Sceau de Salomon dans lequel s’inscrit le Chrisme (monogramme du Christ) avec au centre de la boucle du P, l’oeil solaire.

L’axe du Monde est représenté par la barre verticale du P et Dieu est en son centre, au centre de l’univers qui s’accroche aux six pointes de l’étoile. Celle-ci représente les 6 jours de la semaine et le dimanche (jour de Dieu) est au milieu.

Mystères Glorieux

Ils suivent les rythmes qui chantent la reconnaissance et l’honneur. LAUDATE DOMINUM IN CHORO : «Louez le Seigneur en Choeur».

Le cercle représente la plénitude de la Gloire, les vagues au dessus et dessous rythment le chant, comme des bras qui bougent au son de la voix (le rond).

Dans la partie du bas, le triangle céleste entre dans le rythme de gloire pour rejoindre le cercle.

Au sens catholique, qu’est-ce que le Rosaire ?

Le Rosaire est à la fois une prière et une méditation, sur les grands moments de la vie de Jésus Christ et de la Sainte Vierge Marie, sa mère. Ce sont 150 «Je Vous Salue Marie…» qui sont récités au long du parcours, dix par oratoire.

Les 5 premiers oratoires sont dédiés aux Mystères Joyeux : l’Annonciation, la Visitation, la Naissance de Jésus, la Présentation au Temple et Jésus parmi les Docteurs de la Loi.

Les 5 suivants, les Mystères Douloureux : Jardin des Oliviers, Flagellation, Couronnement d’épines, Chemin de Croix, et Crucifixion.

et les 5 derniers Les Mystères Glorieux : La Résurrection du Christ, l’Ascension, la Pentecôte, l’Assomption de Marie puis son Couronnement (ce dernier est dans l’église).

C’est tout le mystère chrétien qui est livré à notre contemplation et à notre prière.

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En 2003, le Pape St Jean Paul II a ajouté une série de 5 mystères de la vie publique de Jésus : les Mystères Lumineux entre l’enfance et la Passion : le baptême de Jésus, les noces de Cana, l’annonce du Royaume, la Transfiguration et l’institution de l’Eucharistie.

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«Je vous salue Marie, Pleine de grâce ; Le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, Priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant, et à l’heure de notre mort.»


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Scierie du Plan du Moulin

CATEGORIE : Mémoire , Patrimoine

Déjà répertoriée au XVIIIe siècle, la force motrice était hydraulique : une bédière (bédzère en patois), petit canal de dérivation, amenait l’eau du Bonnant, en alimentant successivement un moulin puis la scierie :

Cadastre de 1901

L’eau fait tourner la roue, qui entraîne l’arbre et le système bielle manivelle. La scie est alors battante, elle monte (à vide) et descend (en sciant), le tronc avance lentement sur un chariot lui aussi mu par l’arbre principal.

Propriété de la famille Hottegindre depuis 1899, elle sera électrifiée en 1944, en compensation de la prise d’eau de Tré-la-Tête qui dérivait une partie du débit du Bonnant vers le barrage de la Girotte en Savoie. La lame est maintenant à double denture, pour scier dans les deux sens, un sciage sur une longueur de 4 m demande environ 3 min.

La battante en action
Le scieur André Hottegindre dit Ded
La battante et son chariot

Une scie à ruban plus moderne permet de scier beaucoup plus rapidement et sur des pièces de plus grande longueur :

Savez-vous pourquoi une planche ordinaire fait 27 mm d’épaisseur ?

Réponse : c’est une survivance de l’ancien régime, avant l’invention du système métrique : un pouce français = 27,07 mm (un douzième de pied, le pied de Charlemagne !). Ne pas confondre avec le pouce anglo-saxon qui vaut 25,4 mm.

Merci à Ded pour cette visite très intéressante !

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Contrefiches et éparrons

CATEGORIE : Histoire , Patrimoine

Une contrefiche, en savoyard « eparo », est une pièce de la charpente d’un toit qui relie un poteau vertical à une panne horizontale pour qu’elle ne cintre pas.

Sous l’avant-toit débordant des côté Est et Ouest des anciennes fermes du Val Montjoie, on voit des contrefiches plus courtes semblant soutenir les pannes de la charpente. Dans son ouvrage sur Cordon, JP Brusson appelle ces contreforts des « bossé ». Quant à Sophie Villemin, dans son mémoire de recherche consacré en 1978 à ces témoins du passé , elle les appelle « éparrons » suivant le patois des Contamines.

En épicéa, coupé dans le sens des fibres du bois et équarri à la hache, l’éparron mesure entre cinquante centimètres et un mètre suivant l’importance du toit. Le plus ancien éparron existant actuellement aux Contamines, sur une maison de Nivorin, date de 1643. Mais c’est surtout à partir du milieu du 18ème siècle et jusqu’en 1900 que de nombreuses fermes affichent systématiquement leurs éparrons, creusés à la gouge et peints au trait avec du jus de myrtille ou du sang de bœuf.

Souvent inaperçus parce que malmenés par le temps et les intempéries, d’une facture esthétique et symbolique remarquable, ces pièces du patrimoine en disent long sur l’histoire des maisons du village. On y lit des invocations à Dieu et à ses saints, des maximes morales ou philosophiques mais surtout le nom du propriétaire avec la date de construction, le tout accompagné de motifs symboliques ou religieux tels que croix, monogrammes du Christ (INRI, IHS), fleurs, cœurs, nœud savoyard, pots à feu, couronnes, étoiles, lune, soleil, ostensoirs et calices…

C’est le charpentier qui les sculptait. Comme ces « éparrons » étaient une sorte de « carte d’identité » du propriétaire, celui-ci devait donner pour la réalisation de ces petits chefs-d’œuvre, des indications très précises suivant sa philosophie, ses croyances et sa culture,.
Ainsi, une certaine Mima annonce fièrement sa façon de penser de ses voisins: on la voit représentée sur un éparron de sa maison, chevauchant son mulet avec au dessous la déclaration: « Pauvre Mima, que tu est bête – Si je le suis, ça ne regarde personne! »

D’autres propriétaires affichent leur morale, leur piété, ou leur philosophie, comme un gage de l’intégrité des habitants de la demeure. Mais pour la plupart beaucoup de ces inscriptions et images sont une invocation vers le ciel pour placer la maison et ses habitants sous la protection de Dieu et de ses saints contre le feu, l’eau, l’avalanche…

St Vierge MR écarte de moi la foudre le feux et les avalanches

On trouve des « éparrons » à Megève, Combloux, Chamonix … mais il semble que c’est dans la vallée du Bonnant que l’on en trouve le plus.

Sources : Revue EN COUTERE n° 23 (MJC St Gervais)
« Les Contamines en confidences »
« Un art méconnu: l’éparron » Mémoire de recherche Sophie VILLEMIN (1978)

Quelques invocations, sentences et proverbes relevés sur les éparrons

« Dieu bénisse cette maison »

« Dieu soit béni »

« Sainte vierge écarte de moi la foudre et les feux et les avalanches »

« Je brûle au pied de mon Rédempteur »

« Paix et union soient dans cette maison »

« O Crux ave pax nobis »

« Que Dieu bénisse cette maison et que rien de mauvais nous tente »

« Jésus, Marie, Joseph, Joachim et Anne je vous recommande
mon âme et ma vie et toute ma famille »

« Mon Dieu tendez-moi la main »

« La vertu rend l’homme heureux »

« La fin de tout »

« A la religion soyez fidèle, on ne sera jamais honnête homme sans elle »

« Sagement ne craindra le dernier moment »

« Une once d’humilité vaut mieux qu’un mil de vanité »
« Il n’est point sous le ciel de fortune assurée,
être riche n’est rien, le tout est d’être heureux. »

« Le mépris des grandeurs vaut mieux que leurs conquête »

« Sol omnibus »

« Bonjour astre lumineux qui dans ta course fertilise la terre,
éclaire les hommes «

« Le plaisir de mourir sans peine vaut bien la peine de vivre sans plaisir »


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Église paroissiale de la Sainte-Trinité

CATEGORIE : Histoire , Patrimoine

Naissance de la paroisse et de l’église

Avant 1760, les Contamines n’étaient que le « quartier d’en haut » de la paroisse de Saint-Nicolas de Véroce. Il fallait plus d’une heure de marche pour se rendre à l’église paroissiale de Saint-Nicolas, marche périlleuse lors des crues du Bon Nant et de ses affluents, marche difficile par temps de gel et de neige. Et quand on allait chercher le prêtre pour administrer les derniers sacrements, il arrivait parfois trop tard !

En 1751, la demande de création de la paroisse des Contamines est faite auprès de l’évêque d’Annecy. Elle tient en trois pages, mais le procès qui s’ensuit, opposant les Contaminards à Saint-Nicolas, noircira douze cents pages et durera dix ans. Finalement, la sentence autorisant l’érection de l’église arrive le 24 juillet 1758.

Un contrat est aussitôt signé avec Domenico Gualino, maître maçon piémontais du Val Sesia, à qui l’on doit plusieurs restaurations (Bionnay, Vallorcine, Martigny) dans la région. L’église devra être achevée pour l’automne 1760. Mais le curé de Saint-Nicolas fait appel de la sentence, un nouveau procès commence qui durera seize mois. Le 24 mars 1760, Saint-Nicolas est débouté définitivement.

Les frais de procès représentent environ la moitié du prix de construction de l’église !
Toute la population, avec enthousiasme, offre sa peine et son argent, et de riches expatriés en Allemagne et Autriche font de généreuses donations pour financer cette église.

Le maître maçon décède avant la fin du chantier, son propre fils Joachim le remplace et termine la construction.
L’église dédiée à la Sainte Trinité est consacrée par l’évêque en 1766.

Le clocher

Le site n’est pas choisi au hasard, l’église est implantée sur les ruines du château de Montjoie, ancienne place-forte moyenâgeuse. Le clocher, édifié sur une ancienne tour du château, est initialement coiffé d’un simple toit à quatre pans, comme le montre un croquis du peintre anglais Turner en 1802. Après la période napoléonienne, cette pyramide est surmontée d’un lanternon octogonal, d’un bulbe aplati et d’une aiguille d’une grande finesse qui s’élève entre les Dômes de Miage et le Mont-Joly.

La façade

Elle est structurée par quatre pilastres de tuf, surmontés par des chapiteaux corinthiens et un entablement horizontal en stuc. Deux cartouches floraux surmontent les niches abritant Saint Pierre (à gauche) et Saint Paul (à droite). Au centre, le porche est encadré de pilastres aux chapiteaux doriques. Les arcs de son tympan encadrent la statue du Bon Pasteur, surmontée par la serlienne et l’arc en plein cintre de l’entablement, aux courbes en harmonie.

Le large avant-toit présente trois pans rectangulaires, ornementés de rinceaux aux anneaux verts. A gauche, un losange bleu contient une croix de Saint Maurice et un douloureux visage de Christ ; à droite, la colombe du Saint Esprit ; au centre, l’Oeil de la Providence, dans un triangle entouré de rayons lumineux, nous rappelle que Dieu voit tout.

L’ensemble symbolise la Sainte-Trinité, à laquelle est dédiée l’église, comme le rappelle l’inscription latine « IN NOMINE PATRIS ET FILII ET SPIRITUS SANCTI ». Celle-ci semble reposer sur deux piédestaux rouges, décorés d’une marguerite blanche, surmontés de pots à feu aux flammes écarlates. Un oculus, ornement baroque typique, s’ouvre sous l’inscription.

La porte, dessinée par le sculpteur valsesian Albertini, présente des cartouches de grande finesse exécutés par Hudry et Pagnez, artisans locaux de Viuz-en-Sallaz. Le portail et les statues de la façade sont inscrits aux monuments historiques.

Aux angles, quatre tirants en fer forgé composent la date de construction : 1759.

Sur le mur sud, un cadran solaire invite à la réflexion …

L’intérieur

Une seule nef, sans transept, est partagée en trois travées par des arc-doubleaux appuyés sur des pilastres saillants et prolongée par un chœur plus étroit. Sur les pilastres, les croix de consécration, croix de Saint Maurice vermillon avec couronne royale.

Les corbeaux support des voûtes respectent l’architecture baroque locale : architrave blanche, frise rouge à motif doré, corniche et tailloir. Les peintures murales des voûtes datent de 1881 – 82. Aux clés, des médaillons pourvus d’une croix ; dans les voûtains, des figures de saints : Saint François de Sales et Saint Guérin (première travée) ; les quatre évangélistes dans la seconde ; le Christ et la Cène dans la troisième ; au chœur, un Christ qui bénit.

A la clé de voûte de l’arc triomphal, au décor de feuillage stylisé, est suspendu un émouvant Christ en croix, au visage serein, œuvre probable des auteurs de la porte. Trois anges baroques recueillent le sang qui s’écoule des plaies du crucifié.

Le retable central

Les retables originaux dessinés par Albertini ont souffert à l’époque révolutionnaire, les retables actuels datent de 1840 et sont de style néoclassique. Seuls quelques éléments, tels des angelots, ont pu être réemployés.

Le retable du maître-autel s’élève sur trois niveaux. L’attique (étage supérieur), à la polychromie délicate, est placé sous un dais à festons et présente un cœur couronné au centre d’un médaillon entouré de rayons d’or de longueurs différentes. Quatre anges potelés jouent de la trompette sur l’entablement qui s’appuie sur six colonnes lisses couleur jaspe, partageant l’étage médian en trois compartiments. Au centre, le tabernacle cache en partie une peinture de la Sainte-Trinité. A gauche, une haute niche abrite une statue de Saint Augustin tenant un cœur, à droite Saint François de Sales présente un livre, son Traité de l’amour de Dieu.

Le tabernacle, peu conforme aux canons de l’art baroque, est imposant, avec ses quatre colonnettes jaspe à chapiteaux composites. Sous le rideau à festons, une croix à rayons dorés s’élève sur le rocher du Golgotha, où l’on voit le crâne d’Adam. La porte est ornée d’un pélican qui nourrit ses petits de sa chair et de son sang.

Les retables latéraux

Disposés obliquement, leur construction est symétrique. Couronnés par un dais porté par deux volutes, et une couronne royale. Des anges assis voisinent avec de grands pots de fleurs sur les entablements ornés, comme le retable principal, de « rangs de dés ». A l’étage médian, trois compartiments accueillent autant de statues en bois polychrome. Les autels à deux gradins sont décorés en faux marbres.

A gauche, le retable du Rosaire est couronné par une composition autour d’un cœur entouré par quatre angelots et seize faisceaux de rayons dorés. Il présente une Vierge à l’Enfant (niche centrale) entourée de Sainte Marguerite et Sainte Agathe, tenant le plateau sur lequel son bourreau à placé ses seins.

A droite, le retable de Saint Joseph est couronné par l’œil de la Providence, avec aussi ses anges et rayons. Saint Joseph au centre est entouré par Saint Pierre levant la clé et Saint Paul tenant l’épée.

Le tableau de la Crucifixion

Sur le mur nord, une peinture sur toile, datant de la fin du XVIIe siècle, montre Saint François de Sales, Saint Michel, Saint Jérôme et Saint Guérin qui assistent à la Crucifixion, sous l’œil d’autres saints placés au dessus de la croix, galerie de personnages semblant étrangement extérieurs à la mort du Christ, qui montre lui aussi un air assez paisible. Ce tableau, provenant d’une ancienne chapelle du hameau de la Berfière, est aussi inscrit aux Monuments Historiques.

Vue du jardin Samivel, l’église devant le Mont-Joly

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Du château de Montjoie à l’église de la Sainte-Trinité

CATEGORIE : Histoire , Patrimoine

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A l’origine, le château de Montjoie

Au XIIe siècle, la Maison de Faucigny règne sur la province du même nom, dont la vallée du Bonnant occupe l’extrémité sud. Cette vallée de Montjoie (Montis Gaudii) est alors une marche-frontière avec le Comté de Savoie, qui détient la Tarentaise, ce qui justifie la construction d’une forteresse défensive, le château de Montjoie.

Armes de la maison de Faucigny

La Grande Dauphine Béatrice de Faucigny (1234-1310), souveraine exceptionnelle, a laissé un souvenir idéalisé dans la vallée, à laquelle elle était très attachée, comme en atteste sa devise : « Montjoye est ma joie ».

Sceau de Béatrix (ADHS)

Les franchises et albergements (concessions) des alpages qu’elle a attribués à ses sujets ont permis le développement et la prospérité de la vallée. Un texte de la Grande Dauphine fait mention pour la première fois, en 1277, du château de Montjoie et désigne sous le nom de « Contamina », du latin condominium, le domaine alentour, dépendance directe du château.

Extrait d’un parchemin de Béatrice (ADHS)

En 1355, la Savoie prend possession du Faucigny, dès lors le château perd son importance stratégique et est laissé peu à peu à l’abandon.
Le recensement de 1561 indique au lieu-dit « La Contamine », l’actuel chef-lieu, la présence de seulement 3 familles, soit 15 personnes, contre plus de 1000 réparties dans les autres hameaux.

L’église de la Sainte-Trinité
La paroisse des Contamines ne voit le jour qu’en 1760, après un interminable procès reconnaissant aux habitants du « Quartier d’en haut » le droit de se constituer en paroisse distincte, séparée de celle de Saint-Nicolas de Véroce.

Voir l’article : Naissance de la paroisse des Contamines

La construction de l’église des Contamines remonte aux années 1758 – 1760, dernière période du baroque. Elle fut confiée au maître-maçon piémontais Domenico Gualino, originaire du Val Sesia. Les paroissiens financèrent eux-mêmes les travaux, aidés par des dons extérieurs provenant notamment de riches négociants natifs de la vallée, partis comme simple colporteurs, et ayant fait fortune en Allemagne ou en Autriche.
La première messe y fut célébrée le 28 septembre 1760 et la consécration de l’église, dédiée à la Sainte Trinité, eut lieu le 19 juillet 1766, lors de la visite pastorale de Mgr J.P. Baud évêque d’Annecy.
Le clocher fut surélevé en 1776 mais sa flèche à la finesse remarquable ne fut mise en place qu’au début du 19ème siècle. Le presbytère date de la même époque. Un cimetière entourant l’église subsista jusque vers 1960.

Le plan montre l’implantation du château et de l’église actuelle. Une partie des fondations de l’église reprend le tracé de celles du château et la maçonnerie de la partie basse du clocher est celle de l’ancienne tour Nord.

La Contamine deviendra au fil du temps Les Contamines, chef-lieu de la paroisse et de la commune. Celle-ci prend en 1947 son nom actuel : Les Contamines-Montjoie.

d’après Albert Mermoud  « Mémoire du Mont-Blanc d’antan – La vie dans la Vallée de Montjoie », avec l’aide éclairée de Julien Pelloux.

En savoir plus sur l’église de la Sainte-Trinité


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FILMS

CATEGORIE : Patrimoine

L’Association Mémoire Histoire et Patrimoine des Contamines-Montjoie a déposé à  la Cinémathèque des Pays de Savoie et de l’Ain les films de l’Abbé Félix Babaz, tournés aux Contamines-Montjoie entre les années 1960 et 1980.

Originaire de Marignier, l’Abbé Babaz fut d’abord curé de Chedde, près de Sallanches, puis nommé, le 1er juillet 1945, aux Contamines.
Pour favoriser le tourisme social et l’accès à  la montagne et aux sports d’hiver de toutes les catégories sociales et professionnelles, le curé Babaz fut un bâtisseur qui, n’hésitant pas à  troquer sa soutane pour le bleu de travail d’entrepreneur de maçonnerie construisit, aidé de ses paroissiens, deux maisons familiales qui sont toujours en activité.