CATEGORIE PAR ARCHIVE : Histoire

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Le Rosaire de Notre-Dame de la Gorge

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Trois oratoires autour de l’église

En 1728, sous l’impulsion du Révérend C.GAILLARD, prêtre à ND de la Gorge, le chemin vers l’église fut complanté de 14 oratoires sous la forme de petits édifices (plus un 15ème accolé au mur nord de l’église) évoquant les Mystères du Rosaire. Ces oratoires sont visibles sur la Mappe Sarde. (Cadastre 1728-1738)

Extrait de la mappe sarde, où figurent les oratoires, vers 1730

Les aléas du temps, la neige, la pluie, le gel, les débordements du torrent ont eu raison de l’état des édifices. En 1778, H. DE SAUSSURE, montant vers la Palme, en fait un amer constat : «…en se retournant, on voit sous ses pieds le village de Notre Dame de La Gorge et une longue rangée de petits oratoires bâtis le long du torrent, dans l’espérance qu’ainsi on serait à l’abri des inondations mais le torrent n’a eu aucun égard et il a même renversé plusieurs de ces petits oratoires…».

vers 1730
Un oratoire et sa prairie fleurie

En 1840, Mgr REY, lègue les biens de ND de La Gorge aux pères de St François de Sales. Le Rosaire devient un «Chemin de Croix» le long de la route mais les affres des saisons endommagent les édifices.

En 1950, la Paroisse s’en inquiète : il faut reprendre la maçonnerie de certains bâtis, les charpentes et les toitures. Travaux effectués par G.CHEVALLIER.

Puis en 1976-1978, le Curé F. BABAZ et le Maire S. SAUTELLI décident qu’une restauration sérieuse de ce patrimoine commun devient urgente. Il faut rendre ces oratoires à leur destination première du Rosaire.

Ils en confient la réalisation à Pierre MAITRE, artiste, Meilleur Ouvrier de France, directeur artistique à la Faïencerie de GIEN, auteur et réalisateur des scènes du Rosaire, dessinateur des grilles et des croix dominant les 14 oratoires.

La maçonnerie et bois à M. DUNAND. Fer forgé : Ent. DABLAINVILLE et G. CHEVALLIER plus les toitures. Electricité : G. BERGAMELLI. Pose des carreaux de grès et pavés : H .MONNARD. Peinture : E. BORGA. Ainsi que des employés communaux pour divers travaux.

La nuit tombe, les oratoires s’éclairent, mettant en lumière les bas-reliefs

Les oratoires sont en maçonnerie et enduits de crépi ocre. Les toits à 4 pans sont recouverts d’ardoises. Chacun est fermé par une grille en fer forgé. Les bas reliefs à l’intérieur, réalisés par P .MAITRE sont en grès et tous différents. Ils représentent la scène de l’Evangile écrite sur les bandeaux en bois au dessus de l’ouverture.

bas-relief en grès

Devant, au sol : des pavés avec le numéro de l’oratoire en chiffres romains.

Pierre MAITRE, l’artiste, a voulu représenter chaque Mystère par une grille symbolisant la Joie pour les 5 premières, la Douleur pour les 5 suivantes et enfin la Gloire. Voici des explications d’interprétation de ces symboles.

Mystères Joyeux

Les rythmes de joie s’élevant vers le ciel. Les grands rythmes de la partie du haut des grilles symbolisent les bras des Hommes chantant leur Joie, l’exaltation qui les a saisi quand ils ont appris la naissance de Jésus. La partie du bas des grilles symbolise les rythmes élévateurs et stabilisateurs.

Mystères Douloureux

En bas, les symboles des Légions romaines avec leurs lances, leurs boucliers et les instruments de la Passion.

On voit le triangle céleste avec la pointe en haut, le triangle terrestre la pointe en bas forment le Sceau de Salomon dans lequel s’inscrit le Chrisme (monogramme du Christ) avec au centre de la boucle du P, l’oeil solaire.

L’axe du Monde est représenté par la barre verticale du P et Dieu est en son centre, au centre de l’univers qui s’accroche aux six pointes de l’étoile. Celle-ci représente les 6 jours de la semaine et le dimanche (jour de Dieu) est au milieu.

Mystères Glorieux

Ils suivent les rythmes qui chantent la reconnaissance et l’honneur. LAUDATE DOMINUM IN CHORO : «Louez le Seigneur en Choeur».

Le cercle représente la plénitude de la Gloire, les vagues au dessus et dessous rythment le chant, comme des bras qui bougent au son de la voix (le rond).

Dans la partie du bas, le triangle céleste entre dans le rythme de gloire pour rejoindre le cercle.

Au sens catholique, qu’est-ce que le Rosaire ?

Le Rosaire est à la fois une prière et une méditation, sur les grands moments de la vie de Jésus Christ et de la Sainte Vierge Marie, sa mère. Ce sont 150 «Je Vous Salue Marie…» qui sont récités au long du parcours, dix par oratoire.

Les 5 premiers oratoires sont dédiés aux Mystères Joyeux : l’Annonciation, la Visitation, la Naissance de Jésus, la Présentation au Temple et Jésus parmi les Docteurs de la Loi.

Les 5 suivants, les Mystères Douloureux : Jardin des Oliviers, Flagellation, Couronnement d’épines, Chemin de Croix, et Crucifixion.

et les 5 derniers Les Mystères Glorieux : La Résurrection du Christ, l’Ascension, la Pentecôte, l’Assomption de Marie puis son Couronnement (ce dernier est dans l’église).

C’est tout le mystère chrétien qui est livré à notre contemplation et à notre prière.

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En 2003, le Pape St Jean Paul II a ajouté une série de 5 mystères de la vie publique de Jésus : les Mystères Lumineux entre l’enfance et la Passion : le baptême de Jésus, les noces de Cana, l’annonce du Royaume, la Transfiguration et l’institution de l’Eucharistie.

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«Je vous salue Marie, Pleine de grâce ; Le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, Priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant, et à l’heure de notre mort.»


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Contrefiches et éparrons

CATEGORIE : Histoire , Patrimoine

Une contrefiche, en savoyard « eparo », est une pièce de la charpente d’un toit qui relie un poteau vertical à une panne horizontale pour qu’elle ne cintre pas.

Sous l’avant-toit débordant des côté Est et Ouest des anciennes fermes du Val Montjoie, on voit des contrefiches plus courtes semblant soutenir les pannes de la charpente. Dans son ouvrage sur Cordon, JP Brusson appelle ces contreforts des « bossé ». Quant à Sophie Villemin, dans son mémoire de recherche consacré en 1978 à ces témoins du passé , elle les appelle « éparrons » suivant le patois des Contamines.

En épicéa, coupé dans le sens des fibres du bois et équarri à la hache, l’éparron mesure entre cinquante centimètres et un mètre suivant l’importance du toit. Le plus ancien éparron existant actuellement aux Contamines, sur une maison de Nivorin, date de 1643. Mais c’est surtout à partir du milieu du 18ème siècle et jusqu’en 1900 que de nombreuses fermes affichent systématiquement leurs éparrons, creusés à la gouge et peints au trait avec du jus de myrtille ou du sang de bœuf.

Souvent inaperçus parce que malmenés par le temps et les intempéries, d’une facture esthétique et symbolique remarquable, ces pièces du patrimoine en disent long sur l’histoire des maisons du village. On y lit des invocations à Dieu et à ses saints, des maximes morales ou philosophiques mais surtout le nom du propriétaire avec la date de construction, le tout accompagné de motifs symboliques ou religieux tels que croix, monogrammes du Christ (INRI, IHS), fleurs, cœurs, nœud savoyard, pots à feu, couronnes, étoiles, lune, soleil, ostensoirs et calices…

C’est le charpentier qui les sculptait. Comme ces « éparrons » étaient une sorte de « carte d’identité » du propriétaire, celui-ci devait donner pour la réalisation de ces petits chefs-d’œuvre, des indications très précises suivant sa philosophie, ses croyances et sa culture,.
Ainsi, une certaine Mima annonce fièrement sa façon de penser de ses voisins: on la voit représentée sur un éparron de sa maison, chevauchant son mulet avec au dessous la déclaration: « Pauvre Mima, que tu est bête – Si je le suis, ça ne regarde personne! »

D’autres propriétaires affichent leur morale, leur piété, ou leur philosophie, comme un gage de l’intégrité des habitants de la demeure. Mais pour la plupart beaucoup de ces inscriptions et images sont une invocation vers le ciel pour placer la maison et ses habitants sous la protection de Dieu et de ses saints contre le feu, l’eau, l’avalanche…

St Vierge MR écarte de moi la foudre le feux et les avalanches

On trouve des « éparrons » à Megève, Combloux, Chamonix … mais il semble que c’est dans la vallée du Bonnant que l’on en trouve le plus.

Sources : Revue EN COUTERE n° 23 (MJC St Gervais)
« Les Contamines en confidences »
« Un art méconnu: l’éparron » Mémoire de recherche Sophie VILLEMIN (1978)

Quelques invocations, sentences et proverbes relevés sur les éparrons

« Dieu bénisse cette maison »

« Dieu soit béni »

« Sainte vierge écarte de moi la foudre et les feux et les avalanches »

« Je brûle au pied de mon Rédempteur »

« Paix et union soient dans cette maison »

« O Crux ave pax nobis »

« Que Dieu bénisse cette maison et que rien de mauvais nous tente »

« Jésus, Marie, Joseph, Joachim et Anne je vous recommande
mon âme et ma vie et toute ma famille »

« Mon Dieu tendez-moi la main »

« La vertu rend l’homme heureux »

« La fin de tout »

« A la religion soyez fidèle, on ne sera jamais honnête homme sans elle »

« Sagement ne craindra le dernier moment »

« Une once d’humilité vaut mieux qu’un mil de vanité »
« Il n’est point sous le ciel de fortune assurée,
être riche n’est rien, le tout est d’être heureux. »

« Le mépris des grandeurs vaut mieux que leurs conquête »

« Sol omnibus »

« Bonjour astre lumineux qui dans ta course fertilise la terre,
éclaire les hommes «

« Le plaisir de mourir sans peine vaut bien la peine de vivre sans plaisir »


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Église paroissiale de la Sainte-Trinité

CATEGORIE : Histoire , Patrimoine

Naissance de la paroisse et de l’église

Avant 1760, les Contamines n’étaient que le « quartier d’en haut » de la paroisse de Saint-Nicolas de Véroce. Il fallait plus d’une heure de marche pour se rendre à l’église paroissiale de Saint-Nicolas, marche périlleuse lors des crues du Bon Nant et de ses affluents, marche difficile par temps de gel et de neige. Et quand on allait chercher le prêtre pour administrer les derniers sacrements, il arrivait parfois trop tard !

En 1751, la demande de création de la paroisse des Contamines est faite auprès de l’évêque d’Annecy. Elle tient en trois pages, mais le procès qui s’ensuit, opposant les Contaminards à Saint-Nicolas, noircira douze cents pages et durera dix ans. Finalement, la sentence autorisant l’érection de l’église arrive le 24 juillet 1758.

Un contrat est aussitôt signé avec Domenico Gualino, maître maçon piémontais du Val Sesia, à qui l’on doit plusieurs restaurations (Bionnay, Vallorcine, Martigny) dans la région. L’église devra être achevée pour l’automne 1760. Mais le curé de Saint-Nicolas fait appel de la sentence, un nouveau procès commence qui durera seize mois. Le 24 mars 1760, Saint-Nicolas est débouté définitivement.

Les frais de procès représentent environ la moitié du prix de construction de l’église !
Toute la population, avec enthousiasme, offre sa peine et son argent, et de riches expatriés en Allemagne et Autriche font de généreuses donations pour financer cette église.

Le maître maçon décède avant la fin du chantier, son propre fils Joachim le remplace et termine la construction.
L’église dédiée à la Sainte Trinité est consacrée par l’évêque en 1766.

Le clocher

Le site n’est pas choisi au hasard, l’église est implantée sur les ruines du château de Montjoie, ancienne place-forte moyenâgeuse. Le clocher, édifié sur une ancienne tour du château, est initialement coiffé d’un simple toit à quatre pans, comme le montre un croquis du peintre anglais Turner en 1802. Après la période napoléonienne, cette pyramide est surmontée d’un lanternon octogonal, d’un bulbe aplati et d’une aiguille d’une grande finesse qui s’élève entre les Dômes de Miage et le Mont-Joly.

La façade

Elle est structurée par quatre pilastres de tuf, surmontés par des chapiteaux corinthiens et un entablement horizontal en stuc. Deux cartouches floraux surmontent les niches abritant Saint Pierre (à gauche) et Saint Paul (à droite). Au centre, le porche est encadré de pilastres aux chapiteaux doriques. Les arcs de son tympan encadrent la statue du Bon Pasteur, surmontée par la serlienne et l’arc en plein cintre de l’entablement, aux courbes en harmonie.

Le large avant-toit présente trois pans rectangulaires, ornementés de rinceaux aux anneaux verts. A gauche, un losange bleu contient une croix de Saint Maurice et un douloureux visage de Christ ; à droite, la colombe du Saint Esprit ; au centre, l’Oeil de la Providence, dans un triangle entouré de rayons lumineux, nous rappelle que Dieu voit tout.

L’ensemble symbolise la Sainte-Trinité, à laquelle est dédiée l’église, comme le rappelle l’inscription latine « IN NOMINE PATRIS ET FILII ET SPIRITUS SANCTI ». Celle-ci semble reposer sur deux piédestaux rouges, décorés d’une marguerite blanche, surmontés de pots à feu aux flammes écarlates. Un oculus, ornement baroque typique, s’ouvre sous l’inscription.

La porte, dessinée par le sculpteur valsesian Albertini, présente des cartouches de grande finesse exécutés par Hudry et Pagnez, artisans locaux de Viuz-en-Sallaz. Le portail et les statues de la façade sont inscrits aux monuments historiques.

Aux angles, quatre tirants en fer forgé composent la date de construction : 1759.

Sur le mur sud, un cadran solaire invite à la réflexion …

L’intérieur

Une seule nef, sans transept, est partagée en trois travées par des arc-doubleaux appuyés sur des pilastres saillants et prolongée par un chœur plus étroit. Sur les pilastres, les croix de consécration, croix de Saint Maurice vermillon avec couronne royale.

Les corbeaux support des voûtes respectent l’architecture baroque locale : architrave blanche, frise rouge à motif doré, corniche et tailloir. Les peintures murales des voûtes datent de 1881 – 82. Aux clés, des médaillons pourvus d’une croix ; dans les voûtains, des figures de saints : Saint François de Sales et Saint Guérin (première travée) ; les quatre évangélistes dans la seconde ; le Christ et la Cène dans la troisième ; au chœur, un Christ qui bénit.

A la clé de voûte de l’arc triomphal, au décor de feuillage stylisé, est suspendu un émouvant Christ en croix, au visage serein, œuvre probable des auteurs de la porte. Trois anges baroques recueillent le sang qui s’écoule des plaies du crucifié.

Le retable central

Les retables originaux dessinés par Albertini ont souffert à l’époque révolutionnaire, les retables actuels datent de 1840 et sont de style néoclassique. Seuls quelques éléments, tels des angelots, ont pu être réemployés.

Le retable du maître-autel s’élève sur trois niveaux. L’attique (étage supérieur), à la polychromie délicate, est placé sous un dais à festons et présente un cœur couronné au centre d’un médaillon entouré de rayons d’or de longueurs différentes. Quatre anges potelés jouent de la trompette sur l’entablement qui s’appuie sur six colonnes lisses couleur jaspe, partageant l’étage médian en trois compartiments. Au centre, le tabernacle cache en partie une peinture de la Sainte-Trinité. A gauche, une haute niche abrite une statue de Saint Augustin tenant un cœur, à droite Saint François de Sales présente un livre, son Traité de l’amour de Dieu.

Le tabernacle, peu conforme aux canons de l’art baroque, est imposant, avec ses quatre colonnettes jaspe à chapiteaux composites. Sous le rideau à festons, une croix à rayons dorés s’élève sur le rocher du Golgotha, où l’on voit le crâne d’Adam. La porte est ornée d’un pélican qui nourrit ses petits de sa chair et de son sang.

Les retables latéraux

Disposés obliquement, leur construction est symétrique. Couronnés par un dais porté par deux volutes, et une couronne royale. Des anges assis voisinent avec de grands pots de fleurs sur les entablements ornés, comme le retable principal, de « rangs de dés ». A l’étage médian, trois compartiments accueillent autant de statues en bois polychrome. Les autels à deux gradins sont décorés en faux marbres.

A gauche, le retable du Rosaire est couronné par une composition autour d’un cœur entouré par quatre angelots et seize faisceaux de rayons dorés. Il présente une Vierge à l’Enfant (niche centrale) entourée de Sainte Marguerite et Sainte Agathe, tenant le plateau sur lequel son bourreau à placé ses seins.

A droite, le retable de Saint Joseph est couronné par l’œil de la Providence, avec aussi ses anges et rayons. Saint Joseph au centre est entouré par Saint Pierre levant la clé et Saint Paul tenant l’épée.

Le tableau de la Crucifixion

Sur le mur nord, une peinture sur toile, datant de la fin du XVIIe siècle, montre Saint François de Sales, Saint Michel, Saint Jérôme et Saint Guérin qui assistent à la Crucifixion, sous l’œil d’autres saints placés au dessus de la croix, galerie de personnages semblant étrangement extérieurs à la mort du Christ, qui montre lui aussi un air assez paisible. Ce tableau, provenant d’une ancienne chapelle du hameau de la Berfière, est aussi inscrit aux Monuments Historiques.

Vue du jardin Samivel, l’église devant le Mont-Joly

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Du château de Montjoie à l’église de la Sainte-Trinité

CATEGORIE : Histoire , Patrimoine

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A l’origine, le château de Montjoie

Au XIIe siècle, la Maison de Faucigny règne sur la province du même nom, dont la vallée du Bonnant occupe l’extrémité sud. Cette vallée de Montjoie (Montis Gaudii) est alors une marche-frontière avec le Comté de Savoie, qui détient la Tarentaise, ce qui justifie la construction d’une forteresse défensive, le château de Montjoie.

Armes de la maison de Faucigny

La Grande Dauphine Béatrice de Faucigny (1234-1310), souveraine exceptionnelle, a laissé un souvenir idéalisé dans la vallée, à laquelle elle était très attachée, comme en atteste sa devise : « Montjoye est ma joie ».

Sceau de Béatrix (ADHS)

Les franchises et albergements (concessions) des alpages qu’elle a attribués à ses sujets ont permis le développement et la prospérité de la vallée. Un texte de la Grande Dauphine fait mention pour la première fois, en 1277, du château de Montjoie et désigne sous le nom de « Contamina », du latin condominium, le domaine alentour, dépendance directe du château.

Extrait d’un parchemin de Béatrice (ADHS)

En 1355, la Savoie prend possession du Faucigny, dès lors le château perd son importance stratégique et est laissé peu à peu à l’abandon.
Le recensement de 1561 indique au lieu-dit « La Contamine », l’actuel chef-lieu, la présence de seulement 3 familles, soit 15 personnes, contre plus de 1000 réparties dans les autres hameaux.

L’église de la Sainte-Trinité
La paroisse des Contamines ne voit le jour qu’en 1760, après un interminable procès reconnaissant aux habitants du « Quartier d’en haut » le droit de se constituer en paroisse distincte, séparée de celle de Saint-Nicolas de Véroce.

Voir l’article : Naissance de la paroisse des Contamines

La construction de l’église des Contamines remonte aux années 1758 – 1760, dernière période du baroque. Elle fut confiée au maître-maçon piémontais Domenico Gualino, originaire du Val Sesia. Les paroissiens financèrent eux-mêmes les travaux, aidés par des dons extérieurs provenant notamment de riches négociants natifs de la vallée, partis comme simple colporteurs, et ayant fait fortune en Allemagne ou en Autriche.
La première messe y fut célébrée le 28 septembre 1760 et la consécration de l’église, dédiée à la Sainte Trinité, eut lieu le 19 juillet 1766, lors de la visite pastorale de Mgr J.P. Baud évêque d’Annecy.
Le clocher fut surélevé en 1776 mais sa flèche à la finesse remarquable ne fut mise en place qu’au début du 19ème siècle. Le presbytère date de la même époque. Un cimetière entourant l’église subsista jusque vers 1960.

Le plan montre l’implantation du château et de l’église actuelle. Une partie des fondations de l’église reprend le tracé de celles du château et la maçonnerie de la partie basse du clocher est celle de l’ancienne tour Nord.

La Contamine deviendra au fil du temps Les Contamines, chef-lieu de la paroisse et de la commune. Celle-ci prend en 1947 son nom actuel : Les Contamines-Montjoie.

d’après Albert Mermoud  « Mémoire du Mont-Blanc d’antan – La vie dans la Vallée de Montjoie », avec l’aide éclairée de Julien Pelloux.

En savoir plus sur l’église de la Sainte-Trinité


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Alexis Bouvard 1767 – 1843 Astronome

CATEGORIE : Histoire

English version

Sixième et dernier enfant de Nicolas Bouvard et Marie Jacquemoud, Alexis est né le 27 juin 1767 dans un chalet d’alpage à la Borgia sur les pentes du Mont Joly.

A l’école du village, Alexis montre déjà des aptitudes remarquables, particulièrement en calcul. Il poursuit sa formation auprès de son oncle, chanoine de la collégiale de Sallanches.

Le départ à Paris

En 1785, il part à pied à Paris, où ses premières années sont difficiles. Le jeune Alexis fait preuve de ténacité, il est commissionnaire, domestique chez une comtesse, puis valet de chambre chez l’écrivain piémontais Alfieri qui l’encourage dans ses études.

Il suit les cours gratuits dispensés au Collège de France et se fait remarquer par ses aptitudes à la physique et aux mathématiques. Il se découvre une passion pour l’astronomie en fréquentant en curieux l’Observatoire et en se rendant utile aux astronomes. Il entre en 1793 comme élève astronome à l’Observatoire de Paris.

Une rencontre déterminante

En 1794, il rencontre Laplace, immense mathématicien et physicien, qui commence la rédaction du «Traité de mécanique céleste». Alexis devient son assistant, chargé d’établir les tables des mouvements planétaires, au prix de longs et fastidieux calculs. Collaborateur rigoureux et dévoué de Laplace, il devient aussi son ami et le restera jusqu’à la mort de celui-ci en 1827.

Alexis découvre huit comètes, et calcule leurs éléments paraboliques.

Outre l’astronomie, ses travaux portent sur la météorologie, le système métrique (établissement des étalons-unités), les marées.

Les tables d’Uranus et la découverte de Neptune


Bouvard, qui avait déjà rédigé en 1808 des tables de position pour Jupiter et Saturne, publie en 1821 les tables d’Uranus, planète découverte en 1781 par Herschel. Intrigué par des irrégularités de son orbite, il émet l’hypothèse de l’influence d’une planète inconnue située au-delà d’Uranus. Les astronomes britannique Adams et français Le Verrier calculèrent séparément la position prévisible de cette planète, qui fut observée en 1846 par l’astronome allemand Galle.

Le rôle déterminant d’Alexis Bouvard dans la découverte de cette nouvelle planète justifie qu’on le cite aussi comme « découvreur de Neptune ».

Carrière d’Alexis Bouvard

  • 1795 : membre adjoint au Bureau des Longitudes, assistant de Laplace.

  • An XI, 5 Floréal (1803) : nomination à l’Institut de France en « classe des sciences physiques et mathématiques, section d’astronomie  ».

  • 1805 : membre titulaire du Bureau des Longitudes.

  • 1810 : Chevalier de la Légion d’Honneur.

  • 1822 à 1843 : directeur de l’Observatoire de Paris.

  • 1826 : membre de la Royal Society de Londres.

  • 1838 : Officier de la Légion d’Honneur.

  • 1840 : Chevalier de l’Ordre de Léopold de Belgique.

  • membre des Académies des Sciences de Bruxelles, Turin, Munich.

Alexis Bouvard meurt le 7 juin 1843 à l’âge de 76 ans.

Son éloge funèbre fut prononcé par Arago :

… cinquante années de la vie de notre confrère ont été consacrées à des travaux laborieux, difficiles et éminemment utiles, tel est le côté par lequel Bouvard désirait surtout qu’on le louât … C’est assurément un spectacle plein d’intérêt, que celui d’un jeune homme qui s’élève de la position la plus humble jusqu’aux premières dignités scientifiques… Il était glorieux, Messieurs, de laisser en mourant le droit de faire graver sur sa tombe : « Il fut le collaborateur et l’ami de Laplace ».

De 1800 à 1803, une expédition scientifique française explora les mers du Sud jusqu’en Australie. Son commandant, Nicolas Baudin, baptisa le « Cap Bouvard »  en l’honneur d’Alexis Bouvard.

Actuellement, on trouve la ville de Bouvard et le vignoble de Cape Bouvard aux environs de Perth ; toutes leurs bouteilles de vin ou de bière sont décorées du portrait de notre illustre Contaminard !

En 1970, l’Union astronomique internationale a donné son nom à une vallée de la Lune, la Vallis Bouvard.


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Alexis Bouvard 1767 – 1843 Astronomer

CATEGORIE : Histoire

Alexis Bouvard, astronomer

Sixth and last child of Nicolas Bouvard, farmer, Alexis was born in 1767, June 27th, in his hamlet of « les Hoches » or, according to oral tradition, in an alpine chalet at « la Borgia », very high on the Mont Joly slopes.
At the primary school of Les Contamines-Montjoie, Alexis shows some remarkables capacities, especially in mathematics. In his family, if most are farmers, there are also some priests, notaries or merchants emigrated to Austria, but he isn’t attracted by these careers.

The departure to Paris
In 1785, he travels to Paris, by foot. His first years in Paris are difficult. The young Alexis shows tenacity : he is a commissioner, servant of a countess, then valet for the Italian writer Alfieri, who helps and encourages him for his studies.
He attends free lessons given by the Collège de France and his capacities in physics and mathematics are noticed. Visiting the Observatory, he makes himself useful to astronomers, and begins to be passionned by astronomy. In 1793, during the French Revolution, he is admitted as a student-astronomer into the Paris Observatory.

A determining meeting
In 1794, he meets Laplace, the great mathematician and physician, who begins the writing of the « Treaty of celestial mechanics ». Alexis becomes his assistant, he is in charge of establishing the tables of planetary motions, after long and laborious calculations. As a rigorous and devoted collaborator of Laplace, he becomes and remains his friend until Laplace death in 1827.
Hard worker, Alexis discovers eight comets, ans determines their parabolic elements. In addition, he works also on meteorology, metric system (establishment of standard units), and tides.

Tables of Uranus and discovery of Neptune


Alexis Bouvard, after having established in 1808 the tables of position for Jupiter and Saturne, publishes in 1821 the tables of Uranus, a planet discovered in 1781 par the English astronomer William Herschel. Intrigued by irregularities of its orbit, he emits the hypothesis of influence of an unknown planet situated beyond Uranus. Adams and Le Verrier, British and French astronomers, calculated separately the predictable position of this planet, which was observed in 1846 par German astronomer Galle.

The determining role of Alexis Bouvard in the discovery of this new planet justifies he his also mentioned as « discoverer of Neptune ».

Alexis Bouvard dies in 1873, June 7th, at the age of 76.

His funeral speech was said by Arago :
… Fifty years of the life of our colleague were given to laborious, hard but very useful jobs, that’s what he wanted to be remenbered for… It is quite an interesting show, of a young man who rises from the most humble position to the highest scientifical level… It was glorious, Gentlemen, to have the honor of having « He was the collaborator and friend of Laplace » engraved on his tomb.

Career of Alexis Bouvard
– 1793 Entry at the Observatory as an astronomer student.
– 1795 Deputy member of the Bureau des Longitudes, assistant of Laplace.
– Year XI, (1803, April 5th) Nomination at the France’s Institut in the “Physics and mathematics class, astronomy section”.
– 1805 Member of the Bureau des Longitudes.
– 1810 Knight of Légion d’Honneur.
– 1826 Member of the Royal Society of London.
– from 1822 to 1843 Headmaster of the Observatory of Paris.
– 1822 Officer of the Légion d’Honneur.
– 1840 Knight of Leopold of Belgium’s Order.

He also was a member of the Science Academies of Brussels, Turin, Munich.

 

In 1803, a scientific expedition, directed by Baudin, named in Western Australia a Cape Bouvard. It still exists an Australian wine called « Cape Bouvard ».

 

In 1970, the International Astronomical Union named a moon valley the Vallis Bouvard.


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Les pompiers des Contamines : 1900 – 1960

CATEGORIE : Histoire

 

 

En 1908, les Contamines possèdent trois pompes à incendie aspirantes et foulantes, dont deux du modèle de Paris, mais insuffisantes pour la commune. Le Conseil Municipal, « considérant que la manœuvre des dites pompes, reste ignorée de la plupart des habitants et que cette situation ne peut durer », demande au préfet l’organisation d’un corps de pompiers et s’engage, pour quinze ans, à subvenir aux frais occasionnés par cette mesure.

Par arrêté du 16.02.1909, un corps de sapeurs pompiers est constitué aux Contamines.

Il comprendra un effectif de 58 hommes dont

1 capitaine                            1 adjudant                            4 sergents

1 lieutenant                         1 sergent-major                  8 caporaux

1 sous-lieutenant                1 sergent fourrier               2 clairons

Duquy Nicoud Théodore est nommé Capitaine

Mermoud Henri, Lieutenant

Espritoz Louis, sous-lieutenant

Les dépenses pour l’achat de l’équipement de chaque sapeur-pompier comprenant casque, blouse, ceinture, pantalon avec le reste du matériel nécessaire et les réparations  du matériel de secours, sont évaluées à 1994F par le capitaine Duquy. Une subvention de 500F est demandée au Ministère de l’Intérieur.

Afin de venir en aide à la commune, chaque sapeur participera de moitié à l’acquisition de son pantalon.

Dès 1909, un emplacement est prévu pour la construction d’un bâtiment commun au facteur receveur et au hangar des pompes. Mais alors qu’en 1911 le bureau de poste est ouvert, ce n’est qu’en 1914 que le terrain destiné au hangar des sapeurs-pompiers est acquis par la commune.

Quelques dates

En 1917 la commune se dote d’une nouvelle pompe à incendie.

En 1938 il est urgent d’acquérir une moto-pompe Renault, pour assurer par sa puissance la sécurité indispensable aux interventions contre l’incendie. En effet le matériel disponible est inefficace pour combattre le sinistre à son début dans des hameaux aux constructions très rapprochées les unes des autres.

En 1948 achat d’un camion Dodge des surplus américains pour remorquer la moto-pompe.

En 1950 demande d’installation de bouches de prise directes dans les villages suivants privés d’eau : Nivorin, La Berfière, La Chovettaz, Le Cugnonnet, La Revenaz, Le Champelet devant et Le Champelet derrière. La défense de ces villages est impossible surtout en hiver, car il n’y a aucun point d’eau accessible avec la moto-pompe.

En 1951 vente de matériel ancien, désaffecté et inutilisable encombrant les hangars tels traîneaux à pompe, vieilles pompes, tuyaux avec lance. Achat d’une moto-pompe portative pour compléter le matériel en fonction.

Le 11 novembre 1951 il est décrété que en cas de feu dans la commune, la sirène sera actionnée à 3 reprises successives. Pour un sinistre en dehors de la commune, 1 seul coup prolongé.

En 1952 acquisition d’un avertisseur électrique.

Le 28 avril 1934., il fut décrété que lors des obsèques d’un membre de la famille d’un sapeur (femme ou enfants), les honneurs seraient rendus par une délégation de 1 sous-officier, de 2 caporaux et de 6 sapeurs comme cela s’était fait pour le fils du Capitaine Penz.

Cette mesure s’étendit aux membres actifs et honoraires.

En 1950, à la suite de l’absence de 3 pompiers à la sépulture d’un membre honoraire, un tour de rôle fut établi, sanctionné par une amende en cas d’absence.

Cette obligation fut supprimée en 1953 pour les obsèques des membres honoraires mais une délégation de 12 hommes fut conservée pour les membres d’honneurs. La présence de la Cie au complet fut exigée pour les obsèques des membres actifs.

 La journée du sapeur

 Le 5 décembre 1954 fut instituée la journée du sapeur. Etait prévue une vente d’insigne sur la voie publique et une remise de décorations au Monument aux Morts. Un repas suivrait, payé pour moitié par la commune, pour moitié par la Cie, précédé par un vin d’honneur et suivi par un bal.

 Conseil d’administration du 9 mai 1926

L’an 1926, le 23 mai à deux heures du soir, au Hangar des  Pompes du chef-lieu, en suite de convocation à cet effet, les inscrits de la Cie des sapeurs pompiers se sont réunis pour la revue d’effets et donner leur signature d’engagement sur le registre de la Cie restant à la Mairie .

Manquait Ours Auguste, malade et Génamy Joseph, empêché pour cause de famille.

Il a été distribué à chaque sapeur une boule de naphtaline pour préservation de leurs effets contre les mites.

Après signature posée et revue faite, inventaire des effets restant en magasin fut fait : manquent 3 épaulettes, une paire de galon de caporal.

Il a été procédé ensuite à la formation du Conseil d’Administration et l’élection d’un caporal ou sapeur ainsi que d’un suppléant…

André GARCIA

 


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250 eme anniversaire de la naissance d’Alexis Bouvard

CATEGORIE : Histoire

La maison Bouvard aux Hoches s’est enrichie d’un nouveau panneau réalisé par notre association, en ce 250e anniversaire de la naissance d’Alexis Bouvard.

N’hésitez pas à  aller y faire un tour !

 


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La Pierre du Pater

CATEGORIE : Histoire

Quelle étrange inscription se trouve sur une large pierre en haut des Rochassets, sur la droite en montant la voie Romaine….Il s’agit de la PIERRE DU PATER.

Gravée dans le roc, on ne parvenait presque plus à lire son message pourtant destiné à chaque randonneur…..

En Juin 2015, notre équipe du Patrimoine décide de mettre en valeur ce lieu mystérieux en défrichant, en grattant les mousses et en repeignant chaque lettre de la PIERRE DU PATER.

 

 

Durant ce travail laborieux, une invitée s’est présentée à nous pour nous encourager dans notre labeur …

Croix avant notre intervention :

Croix après notre intervention :

Un travail achevé en groupe avec une immense satisfaction de pouvoir admirer à nouveau ensemble cette inscription de notre passé :

 

Mais quelle est donc cette PIERRE DU PATER  ?

L’inscription invite les passants à une prière par ces mots :

 » PASSANT HONNORE AN CE LIEU LA RAINE DES CIEUX  1795-1827 « .

On sait très peu de choses encore aujourd’hui sur la raison de cette inscription et de ce lieu, sinon qu’elle est surmontée d’une croix en fer, qui a remplacé un ancien oratoire, détruit probablement en 1827. Quant à la date de 1795, elle pourrait faire référence aux troubles de la période révolutionnaire : l’église de la Gorge était occupée par la troupe, et on raconte que les fidèles montaient prier en cachette sur cette fameuse pierre …

Amateurs de nature, vous pouvez à nouveau lire et relire cette belle invitation …

Les ans ont passé, en 2022 l’inscription est à nouveau peu lisible, la peinture est partie, la mousse a poussé …

Mais une bonne équipe se mobilise pour gratter, couper, décaper, regraver et repeindre l’inscription :

12 juin 2022, nouvelle jeunesse !


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Les quatre chapelles historiques

Avant la construction des chapelles, les familles élevaient des autels particuliers dans les églises afin de faire dire des messes pour leurs défunts. Mais devant certains abus (disputes entre enfants de chœur, chantres, messes chantées simultanément qui se gênaient…), Mgr Fichet, évêque d’Annecy ordonna leur disparition en 1471. Si les familles voulaient poursuivre ces formes de dévotions, elles devraient construire des chapelles dans les hameaux, où auraient lieu des messes fondées, célébrées par des vicaires préposés à ces offices.

Dans l’univers montagnard du XVIIIème siècle, le culte des Saints est très important, les chapelles sont donc placées sous le vocable d’un saint guérisseur ou protecteur. Ce sont des lieux de prière, où l’on demande leur protection. On y dit aussi des messes pour les proches disparus… Il est néanmoins impossible d’y célébrer la messe dominicale, ni d’y recevoir aucun sacrement. En effet, cela aurait sous-entendu un risque d’indépendance vis-à-vis de la paroisse.

La chapelle du Baptieu en hiver

Le plus souvent, les chapelles furent fondées à partir de legs, dons, ou fortunes du négoce. Le décor baroque y est présent : retables, tableaux à la gloire des Saints protecteurs… Nous supposons que c’est l’œuvre d’artistes du Val Sesia. Quant à la construction de la bâtisse, c’est sans doute le travail d’artisans locaux qui ont imité le savoir-faire des constructeurs d’églises paroissiales.

Sur la Mappe Sarde du 18ème siècle, quatre chapelles sont indiquées sur le territoire actuel des Contamines-Montjoie. Deux ont disparu : aux Cours, entre le Chef-lieu et la Frasse, et à la Berfière. Il ne subsiste aujourd’hui que celles de la Chapelle et du Baptieu.

A l’église paroissiale de la Sainte Trinité, on peut voir un tableau « Christ en croix entouré de saints » provenant de la chapelle de la Berfière, tableau inscrit aux Monuments Historiques :

Il s’agit ici de l’unique vestige de la chapelle de la Berfière.


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Naissance de la Paroisse des Contamines

CATEGORIE : Histoire

Avant 1750, les Contamines n’étaient que le « quartier d’en haut » de la paroisse de Saint Nicolas de Véroce. Il fallait plus d’une heure de marche pour se rendre à l’église paroissiale de St Nicolas, marche périlleuse lors des crues du Bon Nant et de ses affluents, marche difficile lorsque le gel et la neige sévissaient sur la vallée. Et quand on allait chercher le prêtre pour administrer les derniers sacrements, il arrivait parfois trop tard !

De plus, bien que représentant les 2/3 de la population, les Contaminards étaient sous-représentés au Conseil de la Paroisse. Ils étaient aussi réticents devant les frais des procès contre St Gervais, Combloux et Megève, relatifs aux alpages du Mont Joly et d’Hermance, qui ne les concernaient aucunement.

En 1751, la demande de création de la paroisse des Contamines est faite auprès de l’évêque d’Annecy. Elle tient en trois pages, mais le procès qui s’ensuit, opposant les Contaminards à St Nicolas, noircira douze cents pages et durera dix ans ! En voici un petit extrait :

07 extrait a et b

 

et sa transcription :

Monsieur, lors du jugement, il suffira de faire une légère description des lieux :

Le quartier d’en haut de Saint Nicolas est en forme de berceau partagé par le torrent Bonan, et dont les montagnes des deux cotés au levant et au couchant sont extrêmement hautes, ce quartier est tout en plaine depuis le hameau de Battieux au couchant, jusqu’à celuy du Quy, à l’exception de quelques descentes et montées dans les torrents notamment dans celui des meuniers qui est extrêmement profond, et a l’exception des quelques villages qui sont plus élevés dans la pante des montagnes, il en est de même au levant depuis le praz jusqu’aux Trêsses …

Finalement, la sentence autorisant l’érection de l’église arrive le 24 juillet 1758. Un contrat est aussitôt signé avec Domenico Gualino, maître maçon piémontais du Val Sesia. L’église devra être achevée pour l’automne 1760.

Plan et prix-fait de l'église

Plan et prix-fait de l’église

Mais le curé de St Nicolas fait appel de la sentence, un nouveau procès commence à l’archevêché de Vienne en Dauphiné, qui durera seize mois. Le 24 mars 1760, St Nicolas est débouté définitivement.

Les frais de procès représentent environ la moitié du prix de construction de l’église !

Toute la population, avec enthousiasme, offre sa peine et son argent, et de riches expatriés en Allemagne et Autriche (par exemple Jean-François Pernat, voir en fin d’article)  font de généreuses donations pour financer cette église, implantée sur les ruines de l’ancien château du Comte de Montjoie, le clocher étant bâti sur une ancienne tour de ce château. Le maître maçon décède avant la fin du chantier, son propre fils le remplace et termine la construction.

Dessin Pascale Girard-Mollard

Dessin Pascale Girard-Mollard

L’église dédiée à la Sainte Trinité est consacrée par l’évêque en 1766.

Le 31 octobre 1769, la paroisse est enfin constituée en corps de communauté, notre commune actuelle, par un acte du roi Charles-Emmanuel III :

Acte du Roi Charles-Emmanuel III

Acte du Roi Charles-Emmanuel III

Emmanuel par la grace de Dieu. Roi de Sardaigne, de Chipre, et de Jerusalem.
Duc de Savoie, de Montferrat et Prince de Piemont.

Aianz vu dans nos audiences la Requête ci jointe, et sa teneur considérée, par ces présentessignées de notre main, de notre certaine science, authorité Royale, eu sur ce l’avis de notre Conseil, en continuation de nos graces restituons les Sups en tems et en entier à presenter dans le terme de trois mois prochains par devant le Senat de Savoie, et la Chambre des Comptes pour y faire enregistrer les Royales Patentes du 31 8bre 1769, par lesquelles nous, en séparant de la Paroisse de St Nicolas de Veroce en Faucigny le quartier des Contamines et de N.D. de la Gorge l’avons erigé en corps de Communauté moyennant la finance de six cent soissante livres. Car telle est nôtre volonté.
Données à Turin le onzme di mois de May l’an de grace mil sept cent septante, et de nôtre Regne le quaranteune.

Emmanuel

Croquis de Turner

Croquis de Turner

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Les Contamines vers 1910

Jean-François Pernat et l’église des Contamines.
Lors de la construction de l’église des Contamines, en 1758, cet émigré en Hongrie qui pourtant n’était pas originaire du Val Montjoie, mais d’Arâches près de Cluses, fit un don considérable pour l’établissement du prêtre …  et pour le salut de son âme !

L’acte notarié établi à Vienne, en présence d’un témoin originaire des Contamines, le marchand Joseph Marie Bouvard,  est transcrit ci-après :

Contrat notarié de la fondation Pernat

Contrat notarié de la fondation Pernat

« … Par devant moy Notaire Impérial Public Juré à Vienne en Autriche, et les témoins soussignés s’est en personne établi le sieur Jean, fils du sieur Michel Pernat, originaire de la paroisse d’Araches en Faucigny, duché de Savoye, marchand bourgeois de Peste en Hongrie, lequel s’étant apperçu , que la Communauté des Contamines dans le Faucigny, mandement de Montjoye, travaille à se procurer une église paroissiale, pour pouvoir plus aisément satisfaire aux exercices publiques de la Religion, et voulant seconder leur pieux dessein, de son gré fait, constitue et députe pour son Procureur spécial, le dit Sr Michel Pernat son père, d’ici absent, moy Notaire pour luy présent et acceptant, et c’est pour et au nom du dit Sieur Constituant promettre et l’engager en faveur de la dite Communauté des Contamines de la somme de six mille livres de France en capital, pour l’établissement d’un prêtre au dit lieu [… ] la dite Communauté des Contamines, soit les particuliers d’icelle tous en général, et chacun l’un pour l’autre s’engageront, tant pour eux que pour leurs descendans, d’en demeurer solidairement responsables à perpétuité du dit capital, et d’en payer l’interest au quattre pour cent au dit Prêtre annuellement, de faire dire deux messes basses chaque semaine de l’année à perpétuité, et une grande avec la Prose des deffunts après le décès du dit constituant, avec encore la prière à haute voix de trois Pater et trois Ave, pour le dit constituant, et à son intention chaque dimanche et Fête, à la messe paroissiale, après le premier Evangile, aussi à perpétuité … »


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Les Collets Rouges

CATEGORIE : Histoire

Les Collets Rouges

« Les Collets Rouges » ainsi appelés à cause du liseré coquelicot qui ourle le col de leur veste sombre, sont tous natifs de la Savoie et de la Haute-Savoie.

Le travail des commissionnaires consiste à déménager des lots, les étiqueter, les ranger, les exposer, les présenter en salle, les remballer et les livrer… Tout doit aller vite et sans casse. Une bonne connaissance de la culture des styles et des valeurs du marché de l’art est nécessaire.

La légende veut que Napoléon 3 ait attribué aux Savoyards le privilège d’être commissionnaires à l’hôtel des ventes à une époque où la Savoie n’avait pas encore été rattachée à la France.

Il existe néanmoins une autre version des faits. Des documents datant de la seconde moitié du 19è siècle accusent les « Savoyards » de manger le pain des Français. A cette époque, ces « étrangers » étaient un peu partout dans Paris, prêts à accepter n’importe quelle besogne.

Si les commissionnaires de Drouot ont d’abord été Auvergnats, les Savoyards n’ont pas tardé à s’imposer en tant qu’hommes « forts, sérieux et travailleurs ». Aussi, les commissaires-priseurs de l’époque auraient progressivement sélectionné leurs « cols rouges » parmi les candidats savoyards qui se bousculaient au portillon. A la veille de la grande guerre, il ne restait plus qu’un Auvergnat dans la corporation. On le surnommait « l’étranger ».

Le règlement de la corporation impose un parrainage comme condition d’entrée. L’effectif doit être maintenu à son seuil de 110. Le nouveau venu, appelé le « bis » dans le jargon de Drouot, rachète et reprend le numéro de son prédécesseur (dernières valeurs de rachat connues : entre 50 000 et 80 000 €). Chiffres brodés sur le col rouge des vestes noires, numéros définitivement attribués à l’issu d’une période d’essai de six mois et un vote unanime de ses collègues. Il est des Savoyards qui se succèdent de père en fils sur 3 générations. Quelques-uns se sont mariés avec une fille de commissionnaire. Le nouveau commissionnaire reprend parfois le surnom de son prédécesseur : le Corbeau, le Curé, la Pipe, la Globule, Narcisse ou encore Zorba.